De 1915 à 1934, des experts américains profitent de l’occupation d’Haïti par les Etats-Unis pour saisir des opportunités économiques et entreprendre des affaires de toutes sortes dans le pays pourvu qu’elles leur soient favorables. Ils arriveront à la conclusion mesquine et raciste que l’île d’Haïti est appropriée pour la culture du caoutchouc. Le pire, c’est que l’amour aveugle du pouvoir, l’ignorance et l’incompétence des autorités haïtiennes de l’époque ne leur permettront pas de tenir tête aux mesquineries américaines en vue de défendre les intérêts du peuple haïtien.
Le 30 juillet 1941, sous la présidence d’Elie Lescot, SHADA (Société Haitiano-Américaine de Développement Agricole) prend naissance sur le territoire haïtien sans tenir compte des intérêts nationaux. Les gouvernements des deux pays trouvent une étonnante entente pour cultiver du caoutchouc dans le pays en utilisant le plus de terres arabes possible, et en contre partie, le président de la SHADA, l’américain Thomas Fennell, annonce la volonté des États-Unis d’exporter vers Haïti des produits alimentaires.
Bien que le territoire des Etats-Unis soit 318 fois plus grand que notre pays, et qu’ils aient plus de terres là-bas pour cultiver leur caoutchouc, la SHADA arrive à s’installer en Haïti notamment dans le département de la Grand-Anse et dans le Nord avec l’ambition d’obtenir les terres les plus fertiles pour la culture du caoutchouc.
Pour satisfaire le désir indécent des américains, le président Élie Lescot facilite l’expropriation des paysans sur fond de campagne anti-superstitieuse c’est-à-dire contre le vodou; la destruction des plantations agricoles; le déboisement et la destruction des forêts sous prétexte d’exploitations scientifiques. En agissant ainsi, le président Lescot vient s’ajouter sur la liste honteuse des chefs d’État haïtiens ayant négligé les intérêts de la nation haïtienne juste pour rester au pouvoir.
De 1941 à 1944, l’installation de la SHADA engendre le déplacement forcé de plus de 250 000 paysans haïtiens; la coupe de plus d’un million (1 000 000) d’arbres fruitiers; la coupe de 200 000 pins dans les mornes etc. Les témoignages sont douloureux. Les terres ont perdu considérablement de leur valeur à cause du déboisement à outrance. Les paysans ont perdu non seulement leurs terres, mais aussi leur élevage.
Des familles entières de la paysannerie haïtienne sont désorganisées de manière sauvage et apocalyptique. Ce projet désastreux, diabolique, a déstabilisé l’agriculture haïtienne et a engendré des problèmes qui pèsent encore très lourd sur l’économie d’Haïti et sur la vie sociale des Haïtiens de la campagne et des villes. Cela dit, les conséquences sont donc désastreuses: perte de couverture végétale nationale passant de 65 à moins de 30 %, l’invasion du marché national par les produits importés, l’insécurité alimentaire aiguë, 3 350 000 personnes se retrouvent dans des bidonvilles, 750 000 boat people etc.
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Conclusion
Bref, la Shada qu’on a présentée aux Haïtiens comme un projet de développement agricole fut en réalité un projet de destruction et de déstabilisation de l’agriculture locale. Et pourtant, en 1944, à la fin des opérations de la compagnie, le président de la SHADA, Thomas Fennell, est décoré par le président Elie Lescot de l’ordre “Honneur et Mérite” pour services rendus à Haïti.
Pour en savoir plus, PROFILE AYITI vous recommande “SHADA, Chronique d’une extravagante escroquerie, Myrtha Gilbert, avril 2012”.
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#AYITI_SANS_MENSONGE.
M. Charles Philippe BERNOVILLE
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