Opinions509 Magazine

Une Vision globale de la Beauté et de la Culture Haïtienne

Et l’Archange Michael remonta vers les siens

1re Partie

Cet article est en retard d un mois. S’il ne parait que maintenant, c’était simplement pour laisser le temps dissoudre le mal-être qui consommait ma sante bien que je n eusse vu aucune photo du drame…

A chaque fois que je tenais la plume pour le rédiger ce n était que de discrètes larmes qui filtraient de mes yeux embues, glissaient le long de cette plume avant de s’étaler sur la feuille…

victime de moi-meme, je m étais glisse dans la peau du père, Lionel, endurant une bonne partie de sa peine et de son désespoir indescriptibles, puisque père moi-même d un fis du même âge…

Attitude qui malheureusement, me fit conduire en salle d’urgence à Baptist Hospital à Miami (je séjournais la a l’époque)  pour tension très élevée alors que j avais déjà avale de fortes doses de médicaments…

Jamais de mémoire  d’homme, ou plutôt d’haïtien, on n avait vu un tel déferlement de larmes, autant d’affliction, de chagrin et de tristesse envahir toute une communauté en Haïti et en diaspora…

Pourtant, on a vu par le passe ancien et récent, partir tant de célébrités artistiques, scientifiques sans compter des gens de grande valeur sans provoquer vraiment une telle émotion collective et brutale…

Je préfère ne pas citer de noms pour ne pas provoquer de polémique… mais que s est-il passe dans le cas de Mikaben, puisque c est bien de lui que l’on parle???

On admettra avec moi que ce n’était pas la voix de l’artiste qu’on regrettait, quelque mélodieuse fut-elle…

Ce ne sont pas non plus ses compositions a succès telles “Ayiti Se” ou encore “Ou Pati Kitem” et autres, quelques originales soient-elles

Qu’est ce -qui a pu provoquer ce séisme  à l’échelle 9 de Ritcher, ce cataclysme dans le cœur de tant de gens?…

Influencé surement par mes recherches en spiritualité et métaphysique combinées, j’ai fini par déduire que la réponse c’était l homme lui-même, le sympathique ami, le frère, l’empathie, le conseiller, le généreux, l altruiste, l’homme du peuple, pour n’en citer que peu

Observez-le sur sa dernière scène, au sommet de sa gloire, face a un public en liesse, le drapeau national autour du cou, la main tendue vers l au-delà comme pour attraper le fil d’argent qui reliat sa monade personnelle a la grande monade universelle comme pour s’y accrocher et se laisser aspirer afin de quitter la terre des hommes…

ce qui allait se produire après était du coup compréhensible..

Il s affalait lourdement sur le plancher de la scène, vide, de toute vie, puisque l’âme avait quitte le corps physique pour monter dans l’au-delà.

Il aurait pu partir en privé, a l’hôpital, de maladie grave, ou d accident de voiture, que sais-je? et bien non ! Rien de tout cela…

Il fallait porter un choc à l’assistance, au monde HMI, à l’Haïti d’aujourd’hui qui s’étiole, sous le poids de la haine, de la méchanceté, de crimes de toutes sortes…

Michael Benjamin, n’appartenait pas a notre terre.

Il était en mission, venant d un monde dont nous savons peu de choses tout en sentant qu’il existe et qu’il est habité…

au delà de la musique qui n’était qu’un simple support, il était venu parmi nous, non pas pour prêcher, mais pour apporter, distribuer, transmettre aux autres des qualités de cœurs, de générosité, d’humilité, de savoir vivre, d’amour infini…

En Michael Benjamin, il y avait ce quelque chose de divin, si j’ose dire, à la manière du Christ venu pour racheter nos péchés et nous montrer le chemin de l’amour et mort de façon tragique. L’un sur la croix, l’autre sur la scène…

Avec lui c’était toujours une joie sans fin, l’expression de son visage accueillant, ouvert entre un rire qui était moins qu’un rire, et un sourire  qui en était plus qu’un…

Les yeux enflammés, et les dents largement en avant en porte- étendard, comme pour laisser son âme communiquer avec autrui….

 2eme Partie

Je me rappelle qu’il était passe une fois au studio de la rue Chavannes à Pétion-ville, pour un service quelconque .ce jour-la ce fut la pagaille au studio…une sorte de fête foraine, bruyante et animée..

Tous les employés avaient délaissé leurs postes de travail pour se porter dans la salle d’attente.

Les filles étaient les plus chaudes pour venir toucher le bonhomme, faire des accolades un peu trop serrées , des embrassades qui duraient un peu trop longtemps… des selfies..une..deux.. trois… au suivant.

Même les clients qui étaient la pour des photos prenaient partie a l’ambiance, refusant de quitter les lieux.. Des autographes a n’en plus finir…des questions posées a brule-pourpoint dans ce qui était devenu un tintamarre…

Et lui Michael se prenait au jeu comme si c’était des amis de longue  date qu’il saluait…et toujours le visage éclairé par sa large denture…

Parfois le portable a l’oreille, il parlait a quelqu’un d autre sur la ligne:

  • Ahhh ok..ok..brodeu, ou met tann mwen…si w wèm pa rele w..rele m pita…ok.. salue Tony pou mwen…

Et tout cela, sourire aux lèvres, prodiguant des marques d’affection « alawonnbadè »

Comme les choses semblaient se calmer un peu, je profitai pour rentrer dans la danse, debout derrière le comptoir et lui dit tout de go:

Michael…j ai deux choses à te dire:

  • Moi – la première, que tu vas aimer ..et l autre..ki pral fè w fache..
  • Lui – woyyyyyy Monsieur Henri..fache? Mwen men m ? pa gen sa pyès..ban m premye a…
  • Moi –  “Ayiti Se” se pi bèl music, pi original, pi descriptif de peyi ki jan m fèt…

Lui- se grattant le tête, toujours le large sourire…

  • Ahhhh ..ou renmen li?..li bèl vre wi… Ban m deuxieme nan m tande kap fem fache a..?
  • Moi-ou pap jan m ka fè younn pi bèl pase l jiskaske w mouri….
  • Lui – oh..oh..monsieu henri, ou genleu pa komprenn bagay yo non brodeu…
  • Moi-  ki jan?
  • Lui- inspiration an se an le a wi li soti..

Tout en pointant le doigt et les yeux vers le ciel..

  • Moi – koman sa a?
  • Lui – si se pat sa, tout gro musicien tap leve chak jou yo fe you hit…

Moi-faisant l etonne sur quelque chose que je savais deja..

  • …ahhh m pat kon sa a..
  • Lui – ..se rete w ou rete ou leve gro lan nwit ou bien gran m maten ou jwen li lan tete ou wi. Brodeu ret tan wa we.. Ou deja pedu…

Je restai sans voix.. je voudrais bien poursuivre la conversation, mais le lieu convenait mal.

Je me résignai a baisser les armes devant la logique de ses arguments et lui promis qu’un jour on reviendrait sur le sujet..

A vrai dire, on ne s est jamais revus face a face mais a chaque fois qu’on se croisait dans la rue, il ne ratait pas l occasion de me faire un signe du doigt, m’indiquant le ciel.. et moi je lui renvoyais un signe avec le pouce pour lui signifier que j’étais patient et que j’attendais…

Voila le genre de personne qui nous a laisses brusquement et que les grands décideurs là-haut prendront peut être du temps avant de nous en envoyer un autre exemplaire…

Le message que nous devrions tiré de son comportement et de son passage sur la terre des hommes, c est que derrière toutes œuvres, toutes réalisations quelques importantes ou belles soient-elles, elles le seraient encore plus si derrière tout ça on retrouvait l’homme, l’homme de cœur, l’homme d’amour que déjà cherchait Diogène avec sa lampe dans l’antiquité…et de ce fait le monde, disons Haïti deviendraient bien meilleurs.

Bénie fut la famille benjamin qui eut à accueillir et à éduquer en son sein un tel jeune homme.

Je profiterai de l occasion pour présenter mes sympathies aux familles Benjamin et Dupoux qui ne comptent pas moins de 4 artistes dans leur rang après le départ de l’autre : le père Lionel, l’excellent chanteur à la voix mélodieuse et unique, la tante Maritou, artiste peintre confirme, l’oncle Axel Dupoux, mon confrère et excellent photographe et le cousin Fréderic Dupoux, egalement   talentueux photographe.

Sympathies également à la femme de Michael, à ses enfants et à son ex-femme, mère de son fils.

P.S. En attendant que se dissolvent les troubles causés en moi par cette disparition  (m poko fi n bon non), je m amuse à repasser les chansons de son père Lionel ou je découvre encore les messages d amour et de générosité qui les imprègnent.

Mais si je rencontrais Lionel, je prendrais garde a ne pas lui affirmer que jamais il ne ferait jusqu’ a sa mort une chanson de noël comme “se mwen arbre de noël” ou encore “ou kitem wale”…

Le fils m’ayant déjà donne la réponse..

Le mot de la fin

Le temps est venu de remercier tous ceux qui ont pris de leur précieux temps pour lire le texte , assez long quand même (1re et 2eme partie) que nous avons publié récemment, suite a la traversée de Michael Benjamin..

Nous remercions particulièrement les parents de Mikaben, qui nous ont fait l honneur de nous contacter, pour nous exprimer leur appréciation et le réconfort que leur a procuré cette interprétation  du drame, perçu sous l’angle spirituel…

Le passage de l’homme sur la terre n’aurait aucun sens s il n’était suivi d un prolongement dans un au-delà fortement intuitif et souvent manifeste…

Nous souhaiterions que le père, Lionel Benjamin, seconde par des producteurs actifs de la musique haïtienne commence, d’ores et déjà a planifier une cérémonie de “Mikaben Trophies Night” qui récompenserait chaque année les artistes du HMI pour la qualité d une œuvre récente déjà appréciée par le public..

Ceci serait un challenge pour les musiciens a produire avec qualité et empêcherait que le souvenir de Michael Benjamin ne s’effrite comme une feuille jaunie de l’Automne , emportée par le vent de l’oubli….

Henri R Cayard

11/2022

Henri R Cayard
Author: Henri R Cayard

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