Le 17 avril 1825, le roi Charles X imposait à Haïti, première république noire indépendante du monde, une lourde indemnité de 150 millions de francs-or en échange de la reconnaissance de sa souveraineté. Cette décision, prise sous la menace de navires de guerre français ancrés au large de Port-au-Prince, marqua le début d’un fardeau économique étouffant pour la jeune nation. Bien qu’Haïti eût conquis son indépendance par les armes dès 1804, après une révolution héroïque inspirée des idéaux de 1789, la France des Bourbons, alors en pleine Restauration monarchique, choisit de punir plutôt que de célébrer cette émancipation.
Table of Contents
- 1 Contexte Historique : Entre Révolution et Realpolitik
- 2 Conséquences : L’Étouffement d’une Nation
- 3 2025 : Un Bicentenaire pour Regarder l’Histoire en Face
- 4 Une Commission pour la Mémoire et l’Avenir
- 5 La France aux Côtés d’Haïti : Défis du Présent
- 6 Conclusion : Vers une Réconciliation par la Vérité
- 7 Author
Contexte Historique : Entre Révolution et Realpolitik
La révolution haïtienne (1791-1804), menée par des figures comme Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines, fut un séisme géopolitique. En abolissant l’esclavage et en chassant les colons, Haïti incarna les principes de Liberté, Égalité, Fraternité mieux que la France post-révolutionnaire, qui rétablit l’esclavage en 1802 sous Napoléon. Mais en 1825, sous Charles X, la France exigea une indemnisation pour les anciens propriétaires d’esclaves, réduisant officiellement la dette à 90 millions de francs en 1838. Pour honorer ce paiement, Haïti s’endetta auprès de banques françaises, hypothéquant son développement jusqu’en 1947. Selon l’historien haïtien Gusti-Klara Gaillard, cette dette équivaudrait aujourd’hui à plus de 21 milliards de dollars, un poids insoutenable pour un pays naissant.
Conséquences : L’Étouffement d’une Nation
L’indemnité de 1825 plongea Haïti dans un cycle de dettes, limitant ses investissements dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Le pays, déjà isolé diplomatiquement par les puissances coloniales, devint un exemple de la « double dette » postcoloniale : financière et morale. Comme le souligne le président français dans sa déclaration du 17 avril 2025 : « Cette décision plaçait un prix sur la liberté d’une jeune Nation, confrontée dès sa constitution à la force injuste de l’Histoire. »
2025 : Un Bicentenaire pour Regarder l’Histoire en Face
Deux siècles plus tard, la France franchit un pas historique. Lors du discours marquant le bicentenaire de l’ordonnance de 1825, le président français a reconnu la nécessité d’assumer « sa part de vérité dans la construction de la mémoire, douloureuse pour Haïti ». Il a annoncé la création d’une commission mixte franco-haïtienne, co-présidée par Yves Saint-Geours (France) et Gusti-Klara Gaillard Pourchet (Haïti), chargée d’analyser l’impact de cette dette, les mémoires croisées et les relations bilatérales au XXᵉ siècle. Cette initiative vise à « ouvrir tous les espaces de dialogue et de compréhension mutuelle », selon les termes du chef de l’État.
Une Commission pour la Mémoire et l’Avenir
La commission, composée d’historiens et d’experts, devra :
- Éclairer les conséquences socio-économiques de l’indemnité sur le développement haïtien.
- Déconstruire les récits coloniaux ayant nourri les préjugés réciproques.
- Proposer des actions concrètes : renforcement de la coopération éducative, restitution d’archives, soutien aux institutions démocratiques.
« La mémoire n’est pas une charge qui obscurcit les consciences, mais une force qui éclaire les esprits », a insisté le président, appelant à un avenir fondé sur « l’écoute, le respect et la solidarité ».
La France aux Côtés d’Haïti : Défis du Présent
Au-delà du passé, la France réaffirme son soutien face aux crises actuelles en Haïti : insécurité, instabilité politique, et catastrophes naturelles. Le président a promis un appui accru pour la sécurité, la justice, l’éducation et la préservation du patrimoine, en coordination avec la CARICOM et les États-Unis. « Condamner toute tentative de déstabilisation » est essentiel, selon lui, pour permettre une transition démocratique apaisée.
Conclusion : Vers une Réconciliation par la Vérité
La reconnaissance de la dette historique n’efface pas les souffrances, mais elle ouvre une voie vers la réparation symbolique. En ce bicentenaire, la création de cette commission marque un tournant : celui d’une mémoire partagée, sans laquelle aucune relation équitable ne peut naître. Comme l’écrivait l’intellectuel haïtien Michel-Rolph Trouillot, « l’Histoire est toujours un dialogue entre le passé et le présent ». C’est désormais à la France et à Haïti d’écrire ensemble les prochains chapitres de ce dialogue.
Déclaration du Président de la République Emmanuel Macron, sur la relation entre la France et Haïti

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